Dans la même ligne directrice, en mode participatif comme dans le projet collectif « letters to homeland »  (qui peut être consulté tout en bas de ce projet), un appel a projet a été lance autour des membres de la résidence universitaire dans laquelle je suis hébergée en ce moment.
Il s'agit d'une résidence universitaire CROUS à BOBIGNY. Moi-même je suis logée dans la Résidence CROUS de Saint Denis appelée « L’Hermitage », mais nous avons décidé avec mon amie de rester ensemble pendant le confinement en ayant toutes les deux de difficultés à rentrer.
Les étudiants demeurant dans dites résidences ont été conseillés par la suite de nombreux mails de quitter les chambres pour rejoindre leur domicile familiale lors de la période du confinement sauf qu’il y en a pas mal qui ont du rester pour des raisons diverses.

Je crois qu'il est essentiel même en période de distanciation, de continuer à créer de liens et communiquer aux autres son ressenti, surtout en étant dans une situation précaire, j'ai invité les étudiants restés dans la résidence pour qu'ils témoignent sur leur expérience de confinement dans ce contexte.
Un mot a été déposé dans les deux ascenseurs de la résidence universitaire, un appel à projet est lancé en invitant les résidents à s’exprimer vis-à-vis de leur vécu, leur quotidien en confinement, tout cela envoyé à l'adresse mail indiquée sur le papier.
Cette idée n'a pas trop marché, alors avec le temps j'ai pu faire des connaissances et parler directement aux personnes sur le projet, en les invitant à partir d'une série de questions, de répondre à leur manière sur la situation.

In the corner
of
my mind
Voici l'extrait :
Il s'agit d'un travail de recherche sur les conditions de vie des étudiants en résidence universitaire pendant le confinement.
Est-ce que tu pourrais m'envoyer par voice note sur whatsapp en réponse aux questions suivantes:

-Quels sont les effets négatifs que tu as pu ressentir pendant le confinement? Qu'est ce qui te manque le plus, qu'est ce qui a changé? As tu des réflexions concernant le confinement dans un petit espace, ton rapport avec ta chambre étudiant, la résidence universitaire? Comment penses tu que les autres le vivent?
-Quels sont les effet positifs? Il y a sûrement des choses bien pendant cette période.

- Quelles sont les habitudes que tu voudrais changer ou adopter à ton mode de vie une fois que le confinement prendra fin, penses tu que ca changera quelque chose le confinement de manière globale?

Si tu peux ajouter des réflexions personnelles / collectives sur la situation ça serait cool, même si c'est court. Merci

Comme de LATOUR parlait dans son texte »Imaginer les gestes barrières contre le retour à la production avant crise », le confinement peut servir à la réflexion sur la manière dans laquelle nous habitons la terre et peut nous aider à penser un retour au réel en changeant nos habitudes par rapport au modèle économique actuel basé sur la production. Des projections sur le futur d’après crise sont importantes à envisager, car il y aura des questionnements à échelle mondiale qui seront posées, il faudra éviter le retour vers une reprise économique d’un régime climatique ancien contre lequel nous avons essayé toujours de lutter, celui que nous croyions inarretable, désormais mis en cause. LATOUR parle aussi des nouvelles formes de production où nous pouvons re penser le tournant écologique est l’une des propositions, en étant ce dernier mis de côté par un système capitaliste que ne cesse de s’enrichir, quand les ressources sont limités.
Selon LATOUR le confinement dû au COVID19 est clé dans cette période particulière, car nous pouvons devenir des efficaces « interrupteurs de globalisation » par l’introspection et réflexion de nos modes de vie avant, durant et après le confinement : Par la réflexion de la situation individuelle en confinement, puis de façon collective, parler des vraies besoins qu’au long terme peuvent modifier la façon dont nous allons vivre ce retour à la réalité.

Ceci résonne à mon appel à projet collectif et je souhaiterais une fois assez de témoignages récoltés, les projeter de la même façon que le projet initial : En utilisant la notion du « coin » comme un espace de réflexion où les idées s’échappent , enfermés en pensant à notre condition actuelle, les mots, phrases, témoignages de participant échapperont, ils disparaîtrons entre les interstices des murs, les recoins et portes de la résidence universitaire, car cet endroit a une grande charge émotionnelle, c’est une façon de faire habiter les mots, libérer une parole dans un espace qui ne semble pas parler.


L'idée c'est de filmer les murs de la résidence universitaire et de faire "projeter" avec un logiciel d’édition vidéo les témoignages (en texte) des étudiants interviewés.
En prenant en compte le principe du début du projet, le"coin" comme endroit de réflexion, d'où les pensées semblent émaner. Je veux montrer les mots habiter l'espace, de les rendre évidents par cette parole, la charge energetique et de faire vivre les lieux qui semblent vides.
Un test en vidéo a été réalisé, avec quelques extraits des témoignages et du repérage des possibles prises de vue pour la "projection".


Quelques extraits retranscrits des entretiens audios :
« on se réveille assez tard le temps passe vite »
« Les journées passent très très vite »
« On est enfermés dans une routine, où on fait la même chose »
« une routine où on voit tout le temps les mêmes choses où les jours se ressemblent »
« le fait d'avoir l’impression de perdre su temps, de perdre quelque chose, d'etre enfermée »
« j'aime vraiment sortir pour voir le soleil »
« c'est assez dur psychologiquement »
« on perd la patience, on se donne des objectifs, on se donne du temps… »
« pour respirer, on a vraiment l’impression d’étouffer par tout ce stress »
« cest vraiment beaucoup pour une année »
« ma famille, voir des gens, avoir des conversations différentes, voir des choses différentes »
« simplement le contact avec l'autrui, »
« ce qui me manque c'est le soleil encore une fois »
« je suis dans le 93, pas forcement des espaces verts »
« juste voir la nature et tout, regarder le ciel »
« à la recherche de quelque chose de plus calme »
Rien que de sentir le vent, de sentir la nature ca me fait juste du bien »
« on a une nouvelle vision des autres »
« le rapport des hommes dans la nature juste en existant »
« la distance ça déprime aussi »
« pouvoir sortir de chez moi sans me poser des questions, sans crainte »
« ca me manquait trop, ca me rendait triste, ça rendait triste mes parents »
« Les bars et.les restos ça me manque grave »
« j'ai un peu perdu la main »
« on a pu faire des connaissance avec nos voisins »
« etre moins stressée par le travail »
« continuer à essayer de prendre soin de moi »
« j'ai ressenti de la solitude »
« ce qui me manque plus c'est de voir mon copain »
« tout à changé »
« on se concentre plus pour ses envies quotidiennes »
« il n'y a plus vraiment de rythme imposé »
« ça m'a saoulé un peu de voir certaines personnes ne pas pouvoir gérer leur solitude »
« la pression des autres qui sont trop en demande d'attention et de communication »
« c'est ça ce qui m'effraie un peu, en fait, le retour à la réalité »
« ce qui me manque le plus ca serait de plutôt laisser de la place à l’imprévu »
« ca c'est peut être pas un truc que beaucoup de gens s'avoueront, c'est pas non plus désagréable à avoir à courir de droite à gauche »
« ce qui ne me convient pas du confinement c'est d’être loin de mes proches »
« j'ai commencé à limiter tout ce qui n'est pas bon »



Ce projet est toujours en cours et il y a d'autres adaptations de témoignages de confinement / isolation qui ne se résument pas à l'espace de résidedence, il peut être utilisé dans d'autres contextes, en étant le partage le but...
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